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Solenn raconte “EVEIL”

Bonjour, je m’appelle Solenn, j’ai 42 ans et une fille de 13 ans. Avant de faire la formation ÉVEIL, j’ai travaillé au point info jeune itinérant en Ardèche. J’y ai rencontré de nombreux partenaires, dont Amesud. C’est à cette occasion que j’ai connu l’école des projets. Puis, à la fin de l’année 2021, je termine mon contrat de travail à la Résidence Habitat Jeunes de Privas. À l’occasion de ma rencontre avec ma conseillère Pôle Emploi, je lui fais part de ma perte de sens dans le salariat. Je lui parle de mon envie farfelue de monter mon propre projet. Il s’agirait d’une structure d’hébergement, mais je n’en ai qu’une vague idée pour le moment. De fil en aiguille de notre conversation, elle me propose une réunion collective pour la formation Éveil. Je postule pour la session de février et finalement, des raisons personnelles m’empêchent d’y participer. J’ai été en contact avec Anne, la coordinatrice pédagogique. Celle-ci a gardé mon dossier pour la session suivante. J’ai donc attendu la réunion collective du mois d’octobre. Anne m’a définitivement convaincue. C’était parti pour six mois d’accompagnement de projet.

 

Mon parcours à Éveil : lancer une activité professionnelle dans le secteur de l’économie sociale et solidaire

De mon idée floue à un projet fou

En commençant la formation, j’avais comme projet d’ouvrir un lieu d’accueil avec hébergement (type camping). Ce lieu aurait été ouvert toute l’année. Je souhaitais accueillir des groupes, mais aussi des personnes seules. Je voulais également y faire travailler des personnes éloignées de l’emploi (sorti de prison, migrants, personnes atteintes de troubles autistiques, personne en difficulté sociale…). Ce projet était assez flou. Je n’étais à ce moment qu’à l’étape de l’idée.

Durant la formation, un de mes collègues m’a parlé d’un appel d’offres de la Mairie de Malbosc. Il s’agissait d’assurer la gérance du camping municipal. Ce camping, je le connaissais déjà. En effet, j’étais déjà tombée amoureuse de celui-ci une dizaine d’années auparavant. J’ai donc postulé à cet appel d’offres tout en continuant la formation. Mon projet prenait des allures de projet fou.

Que cela soit les outils d’organisation du travail, la comptabilité, ou encore le choix des statuts, j’ai pu transposer toutes les connaissances et compétences acquises dans la formation pour ce projet à Malbosc.

Je suis passée de l’idée au projet, grâce à l’émulation collective du groupe de stagiaires et à l’accompagnement des formateurs. J’ai appris à structurer mon discours afin de présenter mon projet devant des financeurs notamment. Ma motivation a dû se sentir dans la réponse à cet appel d’offres car je l’ai remporté.

 

L’économie dans l’économie sociale et solidaire

Mon projet d’accueil s’inscrivait dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. J’étais déjà sensible à ce secteur en m’inscrivant à Éveil. J’ai adoré que cette formation mette en avant que toutes les activités peuvent avoir des valeurs et des principes de l’ESS. De plus, les formateurs ont insisté sur le fait qu’un salarié peut lui aussi porter ces valeurs dans une entreprise. Cela ne se fera peut-être pas dès le premier jour mais, il fallait conserver ses principes.

Pour moi, il était important d’entendre qu’il est possible de défendre ses valeurs à travers le travail. Si cela peut se faire en étant entrepreneure avec une casquette ESS, alors c’est parfait.

Ce que j’avais quelque peu occulté, c’était l’aspect économique. À trop vouloir être dans le social, j’en oubliais l’économie. C’est comme cela que les formateurs m’ont certaines fois remise à ma place. Pour vivre ses valeurs, il faut pouvoir aussi vivre économiquement. Ils m’ont invité à trouver l’équilibre entre l’économie et les valeurs que je porte.

 

Un accompagnement de projet humain laissant la place à l’authenticité de chacun

 

L’humain au cœur de la formation

Cette formation est une incroyable expérience de vie en collectif. En même temps, chaque personne est accueillie telle qu’elle est, dans une grande bienveillance. Cela ouvre la porte à des moments d’une grande intensité émotionnelle. Je me souviens du travail en art plastique pour présenter nos projets. J’ai été à la fois étonnée et admirative de voir mes collègues stagiaires s’exprimer sur leur vécu en sanglotant et tremblotant. Ils confiaient des aspects très personnels de leur vie devant le groupe. L’atmosphère bienveillante et la confiance mise en place par les formateurs nous ont donné la possibilité d’être authentiques.

Des espaces de paroles sont prévus tout au long de la formation. Ce sont des moments privilégiés prévus avec les tuteurs. Il y a, à la fois des discussions avec le groupe des stagiaires, et aussi, des moments individuels centrés sur le projet. Ces occasions de dialogue renforcent le groupe de stagiaires ainsi que l’écoute pour chaque personne et pour son projet.

 

Ce que j’ai appris de moi

En plus de découvrir mes collègues stagiaires, je me suis découverte sous un autre aspect. Je me connaissais à fleur de peau. La formation m’a fait me sentir encore plus sensible. J’ai souvent été envahie par mes émotions. Les questionnements apportés par la formation y étaient pour beaucoup. Ils ont été déstabilisants pour moi et en même temps, ils avaient leur juste place à ce moment.

Par ailleurs, même en étant issue du monde de l’animation et donc habituée aux formations avec un groupe, je me suis sentie bizarrement renfermée. Alors que j’ai toujours été très à l’aise avec la gestion des animateurs en colonie, j’ai été dans la réceptivité plutôt que dans la gestion de groupe. Je me découvrais dans un rôle différent de celle qui cadre une équipe. J’ai ressenti un changement dans ma manière de gérer les groupes. Cela m’a amené beaucoup de questionnements notamment lors des chantiers participatifs que j’ai organisés dans mon camping.

 

Éveil : Un test qui donne des ailes !

Comme je le disais au début, je suis arrivée à Éveil avec une idée de projet. Les formateurs nous ont

souvent rassurés sur le fait que les projets peuvent évoluer ou ne pas aboutir. Ces paroles sont rassurantes surtout lorsqu’il n’y a que l’ombre d’un projet.

Toute la formation est un support de travail pour entreprendre… un jour. Et même si les stagiaires retournent par la suite au salariat, ce sera l’occasion d’y impulser de nouvelles pratiques.

Je pense qu’Éveil est essentiel pour se poser des questions sur soi, et sur sa vie professionnelle.

J’en suis ressortie en mode, « c’est possible ! ». Petit à petit, les projets individuels deviennent réalisables grâce au soutien du collectif. Le fait qu’il n’y ait pas de jugement sur les projets permet d’avancer et d’y croire encore plus.

L’équipe d’accompagnant apporte au groupe leur professionnalisme, leur bienveillance et leur volonté de s’améliorer. Ils peuvent aussi être exigeants notamment sur certains contenus scolaires (pas facile à reprendre à 40 ans !). Cependant, cette exigence est contrebalancée par des contenus qui touchent plus à l’éducation populaire. Cette dualité est l’une des grandes richesses de cette formation.

De plus, les formateurs s’amusent et cela fait forcément écho sur le groupe. Leur discours donne envie d’avancer. Tout devient possible !

Vous l’aurez compris vivre cette formation est intense. J’ai eu la chance de la suivre et de pouvoir en même temps monter le dossier d’appel d’offres pour travailler dans le camping de la commune de Malbosc. Travailler en partenariat avec l’équipe pédagogique et le collectif de stagiaires a été décisif dans son obtention. Savoir parler à la fois de ses valeurs et de la faisabilité économique de son projet est essentiel pour lancer son activité. Rares sont les formations mettant autant l’accent sur l’humain. Formateurs et formés participent à une aventure émotionnelle sous le signe de la bienveillance et du respect. On y apprend autant sur son projet que sur soi-même. Enfin, je conseille à tout porteur de projet de profiter au maximum d’Éveil. On en ressort avec une énergie nouvelle et une envie de tout réussir.